Pas une semaine sans que ne paraissent des articles qui questionnent la fonction communication, où les communicants s’introspectent, se psychanalysent, doutent, s’opposent : y aura-t-il encore des communicants demain ? Seront-ils absorbés par les marketeurs, eux-mêmes ingurgités par les « gens » du digital, phagocytés à leur tour par les data scientists et les experts en IA, dans une sorte de chaîne alimentaire où invariablement les communicants sont les proies finales ?

Mes amis, les abeilles

Ma conviction profonde, depuis mon poste d’observation multiple, c’est que le communicant assure une fonction vitale pour tout l’écosystème qui l’entoure, celle de pollinisateur ! Il n’est donc pas question de puissance ici, de volume de responsabilité, de légions à manager, de millions à défendre ni même de légitimité, mais d’assurer paisiblement et sereinement une fonction tout simplement essentielle.

Un communicant, ca butine...

En butinant, en opérant par petite touches, en apportant une compétence souvent invisible à l’œil nu, le communicant fait passer les projets de gazeux à solides, transforme les imaginations en innovations, convertit les plans de transformation éthérée en plans d’actions appliquées, change les projets d’entreprise indigestes en vision fédératrice, engage les communautés qui étaient à l’arrêt et remplace le poison de la crise par le miel de la réputation.

Bref, le communicant est un fertiliseur discret mais indispensable. Sans pollinisation, pas de vie, pas de dynamisme, pas de printemps et pas d’éclosion. Ce rôle n’est pas unilatéral. Le communicant et son environnement direct s’entraident mutuellement dans un échange fécond. Cette relation est un mutualisme. Il existe d’ailleurs souvent une relation très étroite entre la plante et l’animal capable de la polliniser. Il en va de même entre l’entreprise, ses collaborateurs, ses dirigeants et le communicant. Le communicant n’agit pas seul et pour lui seul. Il a besoin du pollen ou du nectar pour entamer le processus de création qui donnera graines et fruits.

À chaque environnement son ou ses pollinisateurs : les oiseaux (ornithogamie), les insectes (entomogamie), le vent parfois (anémogamie) ou singulièrement les chauves-souris (chiroptérogamie). A chaque organisation son communicant : plutôt dédié au corporate, davantage tourné vers l’accompagnement business ou bien encore centré sur l’influence. Mais la finalité demeure : initier le cycle de la vie.

Comme dans la nature, la moindre altération du cycle de pollinisation a des conséquences néfastes sur les biotopes et sur la chaîne alimentaire. Le communicant est la parcelle essentielle de toute biodiversité professionnelle. Son affaiblissement génère des effets en cascade dramatiques : perte de sens, affaissement de la réputation, diminution de l’engagement et, rapidement, asphyxie des écosystèmes relationnels avec les parties prenantes.

Il faut donc ardemment protéger les abeilles et les communicants des pesticides et des pessimistes.